Mme Chochois - Bonjour M’ame Michu.
Mme Michu - Bonjour M’ame Chochois.
Mme Michu - Dites donc M’ame Chochois, c’est quoi c’t’histoire
là ?
Mme Chochois - Ben quoi donc M’ame Michu, quelle histoire ?
Mme Michu - Ben, c’t’histoire d’arbres qu’ils ont coupés.
Mme Chochois - Y-z’ont coupé des arbres ? Ben où ça
donc ?
Mme Michu - Comment ! Vous n’êtes pas au courant ?
Mme Chochois - Ah ça non, j’ai jamais entendu parler d’arbres
qui-z’auraient coupé.
Mme Michu - Ben pourtant vous habitez bien à Cerçay, non ?
Mme Chochois - Ah ça oui, j’habite à Cerçay et même, M’ame Michu,
j’peux vous dire que j’y suis née !
Mme Michu - Ah oui, ça je l’savais…
Mme Chochois - Même que ça fait 87 ans c’printemps.
Mme Michu – J’comprends pas que vous soyez pas au courant en
habitant Cerçay… Vous allez bien faire vos courses à Inter, non ?
Mme Chochois – Ben oui, c’est tout à côté de chez moi, j’ai presque
juste la rue à traverser, c’est pratique.
Mme Michu – Justement, vous auriez du en entendre parler… L’a bien
du y avoir du foin dans le Landerneau de Cerçay quand même à cause des
arbres !
Mme Chochois – Vous savez que vous commencez à me fatiguer avec vos
bons sang d’arbres M’ame Michu.
Mme Michu – Oh dites-donc… moi c’que j’en disais c’était juste pour
parler…
Mme Chochois - Bon vous fâchez pas… racontez-moi c’t’histoire
d’arbres puisque vous y tenez.
Mme Michu – Vous savez bien qu’y sont après l’avenue du Château… à
côté de chez vous.
Mme Chochois – Ah oui, ça pour en avoir entendu parler, j’en ai
entendu parler… Y a même eu des manifestations. J’ai même signé une pétition.
Mme Michu – Une pétition… j’en ai pas entendu parler !
Mme Chochois – Si… si… même qu’y z’avaient installé un stand avec
des pancartes devant l’Inter et y faisaient signer des pétitions Y avait même
la Jeanne d’Arc qui voulait chasser les faucheurs d’arbres.
Mme Michu – La Jeanne d’Arc ?
Mme Chochois – Oui, j’l’appelle comme ça parce qu’on aurait dit
qu’elle partait en guerre pour sauver le pays. Y avait plein de signatures,
même des gens de Brunoy et de Mandres qui voulaient sauver nos arbres, même des
parisiens… C’est vous dire !
Mme Michu – Mais non M’ame Chochois, ça c’était y a longtemps… Du
temps de l’autre maire avec ses socialos, celui qu’on a pas voté pour lui parce
qu’il voulait couper les arbres justement… et même pire encore !
Mme Chochois – Ah bon… mais alors… dites donc… j’comprends plus
rien moi ! Si on l’a jeté dehors il a pas pu les couper vos arbres !
Mme Michu –Eh ! oh ! c’est pas mes arbres… c’est plutôt
les vôtres M’ame Chochois. Bon, j’vous explique. L’ancien maire, y voulait
couper les arbres alors on a pas voté pour lui. On a voté pour le nouveau,
celui qui avait dit que lui au moins, les arbres de l’avenue du Château y les
garderait tellement qu’y sont beaux, et anciens, et en bonne santé et que lui
au moins y ferait pas comme l’autre, et qu’avec lui y’aurait plus de problèmes,
qu’il demanderait la permission aux habitants, qu’il allait tout remettre comme
avant et qu’y z’allaient faire beaucoup mieux que les autres qu’on a pas voté
pour eux. Y voulaient tout changer. Alors ! Hein… pas question ! Ah
mais !
Mme Chochois – C’est pas facile votre histoire… Mais alors
puisqu’il a dit qu’il les couperait pas les arbres, de quoi donc vous me
parlez ?... Puisque le faucheur d’arbres il a pas été élu, le nouveau il
peut pas les couper. L’a promis. y peut pas.
Mme Michu – Justement, y peut ! Mais la Jeanne que vous m’avez
dit qu’elle faisait signer des pétitions, elle a bien du rameuter le monde à
Cerçay… Les protecteurs de la nature, des arbres et des petits zoizeaux, y z’ont
bien du crier au loup quand même !
Mme Chochois – Ben j’sais pas. J’en ai pas entendu parler et
maintenant que vous me le dites, ça m’étonne bien quand même. J’ai pas du aller
faire mes courses à l’Inter la fois qu’elle y était. J’en parlerai à M’ame
Minet, elle y va tous les jours.
Mme Michu – Quand même, M’ame Chochois, on m’enlèvera pas d’l’idée
que c’t’histoire est louche. Même vous que vous habitez Cerçay, vous n’avez
rien vu, rien entendu ?…
Mme Chochois – Ben non… enfin j’crois pas !
Mme Michu – C’est sur, on m’enlèvera pas d’l’idée qu’on a du se
faire pigeonner quelque part !
Mme Chochois – Vous croyez ?
Mme Michu – Ecoutez, j’en mettrai pas ma main au feu mais tout-d’même…
on m’enlèvera pas d’l’idée… Manquerait plus qu’y nous construisent des cages à
poules maintenant, des tours qu’y disent… et puis du béton partout… et des
racailles… et qui sait, p’têt même une autoroute ou un aréo… aéroport ou un
aut’TGV…
Mme Chochois – Alors là, j’vous suis plus du tout ma
pauv’dame ! Vous allez pas bien dans vot’ tête ! Tout ce que vous
dites, le nouveau là… comment déjà ?... V’la qu’j’ai oublié son nom… Y
f’rait pas des choses pareilles ! Il avait promis et c’est bien pour tout
ça que j’ai voté pour lui parce qu’à force, avec tous ces voyous qu’on nous
promettait, y z’ont fini par me flanquer la peur. Vous savez, à nos âges on y
connait rien à la politique mais les gens qui sont venus nous expliquer gentiment
tout ce qui pourrait se passer avec l’ancien maire, eux, ils savaient,
forcément !
Mme Michu – Forcément… c’est sûr, on s’est bien fait avoir… Allez,
au revoir M’ame Chochois…